Résumé
Le meurtre de deux Hollandais, Pim Fortuyn, homme politique, et Theo van Gogh, cinéaste, a fait les manchettes internationales et a provoqué chez les lecteurs des questions quant à l’évolution du pays dont la réputation pour la tolérance et les politiques d’intégration des immigrants étaient perçues comme étant progressives dans le contexte européen. Cet article présente la toile de fond de ces événements tragiques et spectaculaires. Plus précisément, il tente d’en évaluer les conséquences sur les politiques d’intégration aux Pays-Bas.
Nous traçons d’abord les grandes lignes de la politique en matière de «minorités ethniques» élaborée aux Pays-Bas à partir du début des années 1980, devenue une politique d’intégration plus républicaine dans les années 1990, et finalement, une politique axée sur l’assimilation et l’admission restrictive et sélective des immigrants en 2002. Par la suite, nous analysons l’évolution du discours public et politique sur l’immigration et l’intégration: d’une politique dépolitisée reposant sur un accord général dans les années 1980, en passant par la politicisation graduelle de ces questions pendant les années 1990, jusqu’aux discours creux et populistes et l’argumentation relative aux politiques à partir de l’an 2000. Troisièmement, nous analysons le meurtre de van Gogh et les interprétations qu’en ont présentées les parties politiques, les médias et la société. En dernier lieu, nous évaluons les conséquences de ces événements sur les politiques d’intégration aux Pays-Bas.