Résumé
Au cours de la seconde moitié des annés 1980 et des années 1990, la question de l'immigration en Espagne a soulevé un grand intérêt dans certains cercles relativement réduits (l'administration, les associations, le monde universitaire, etc.). Ceux-ci partageaient l'opinion que l'Espagne était touchée par une transformation démographique et passait d'un pays d'émigration à un pays d'immigration. En ce début du XXIème siècle, le pays est témoin d'un autre important changement qualitatif. Cette question n'est plus seulement une préoccupation administrative et «technique». Désormais, elle est prise sérieusement en considération par les partis politiques et la société en général. Au début de cette décennie, l'immigration est devenue une “cuestión de Estado” (Raison d'État).
Un survol des événements les plus pertinents ayant eu lieu pendant la période 1999–2001 nous montre comment l'immigration est entrée définitivement dans l'agenda politique et social. L'objectif de cet article est d'examiner l'impact de cette dynamique migratoire à travers une étude de cas: les émeutes qui onteu lieu dans une ville vivant d'agriculture dans le sud-est de l'Espagne, El Ejido, en février 2000. De tous les événements sociaux, El Ejido est celui qui a joué un rôle déterminant dans l'encadrement du débat politique et social, puisqu'il synthétise les questions les plus importantes quant à la gestion de l'immigration en Espagne. Ces événements ont été le sujet de nombreux articles et livres offrant des interprétations différentes et controversées. Avec El Ejido l'Espagne a «découvert» l'immigration et a entamé la formulation de la problématique de l'immigration. C'est pourquoi il est utile d'approcher ce sujet à travers cette étude de cas. Les principales questions que nous nous poserons sont: que peut-on apprendre du contexte de l'Espagne? Comment cette analyse contextuelle du cas de El Ejido peut-elle contribuer au débat sur la citoyenneté multiculturelle en Europe? Notre raisonnement se déplacera de l'analyse du contexte particulier vers des réflexions théoriques qui en découlent. Dans les remarques finales, nous résumerons les principaux arguments qui remettent en question la gestion espagnole de l'immigration, deux années après El Ejido.