Résumé
L’anémie est une conséquence très fréquente des cancers colorectaux, touchant 30 à 60% des patients. Sa présence est favorisée par le saignement (occulte ou visible) ainsi que par la stimulation inflammatoire liée au cancer. Lorsqu’elle est présente, elle conduit souvent à un diagnostic plus précoce du cancer mais elle représente un facteur de mauvais pronostic en augmentant le taux des complications générales (notamment cardiaques et infectieuses) et allonge la durée de séjour hospitalier. La carence martiale, absolue ou fonctionnelle est la cause prédominante de l’anémie. La correction par le fer oral est possible mais souvent incomplète et lente, nécessitant un traitement le plus précoce possible. Le délai entre la première visite médicale et la chirurgie est de l’ordre de 3–4 semaines et plusieurs fenêtres d’opportunité existent au moment desquelles le traitement peut être débuté. Il est donc essentiel que tous les praticiens participant au parcours de soins de ces patients soient informés et proactifs. La place du fer intraveineux est probablement importante mais le manque de preuve conduit à limiter son utilisation aux patients intolérants au fer oral ou lorsque la prescription est faite seulement en préopératoire immédiat. La mise en route du traitement est probablement plus efficace lorsqu’elle est réalisée en préopératoire car l’efficacité postopératoire du traitement martial est généralement limitée.