Objectif et méthodes
Dans le monde entier, la tuberculose (TB) est la principale cause de décès par un seul agent infectieux. Dans de nombreux pays, les surveillances nationales de prévalence de la TB sont le seul moyen de mesurer de manière fiable la charge de la TB et peuvent également fournir d'autres données pour éclairer les efforts nationaux visant à améliorer la détection et le traitement de la TB. Notre objectif était de synthétiser les résultats et les leçons tirées des surveillances nationales réalisées en Afrique entre 2008 et 2016, pour complémenter une analyse précédente pour l'Asie.
Résultats
Douze surveillances réalisées en Afrique ont été identifiés: Ethiopie (2010‐2011), Gambie (2011‐2013), Ghana (2013), Kenya (2015‐2016), Malawi (2013‐2014), Nigeria (2012), Rwanda (2012), Soudan (2013‐2014 ), Tanzanie (2011‐2012), Ouganda (2014‐2015), Zambie (2013‐2014) et Zimbabwe (2014). La population éligible dans toutes les surveillances était des personnes ≥15 ans qui répondaient aux critères de résidence. Au total, 588.105 personnes ont participé, ce qui équivaut à 82% (entre 57% et 96% ) des personnes éligibles. La prévalence de la TB pulmonaire bactériologiquement confirmée chez les ≥15 ans variait de 119 (IC95%: 79‐160) pour 100.000 habitants au Rwanda et 638 (IC95%: 502 à 774) pour 100.000 habitants en Zambie. Le ratio hommes/femmes était globalement de 2,0, allant de 1,2 (Ethiopie) à 4,1 (Ouganda). La prévalence pour 100.000 habitants augmentait généralement avec l'âge, mais le nombre absolu de cas était généralement le plus élevé chez les 35 à 44 ans. Parmi les cas de TB identifiés, 44% (IC95%: 40–49) n'ont pas rapporté de symptômes de TB lors du dépistage et n'ont été identifiés comme éligibles aux tests de diagnostic qu'en raison d'une radiographie pulmonaire anormale. Le rapport global entre la prévalence et les notifications de cas était de 2,5 (IC95%: 1,8–3,2) et était systématiquement plus élevé pour les hommes que pour les femmes. De nombreux participants qui avaient rapporté des symptômes de TB n'avaient pas recherché des soins; ceux qui en avaient étaient plus susceptibles de rechercher des soins dans un établissement de santé publique. La prévalence du VIH était systématiquement plus faible parmi les cas prévalents que chez les patients TB officiellement notifiés avec un rapport global de 0,5 (IC95% 0,3 ‐ 0,7). Les deux principales limitations de l'étude étaient les suivantes: aucune des surveillances n'incluait des personnes de moins de 15 ans et 5 des 12 surveillances ne contenaient pas de données sur le statut VIH.
Conclusions
Les surveillances nationales sur la prévalence de la TB en Afrique menées entre 2010 et 2016 ont fourni de nouvelles données sur la charge de morbidité de la TB, la répartition par âge et par sexe, et les lacunes dans la détection et le traitement de la TB. Des politiques et des pratiques pour améliorer l'accès aux services de santé et réduire la sous‐déclaration des cas de TB détectés sont nécessaires, en particulier chez les hommes. Toutes les surveillances fournissent une base précieuse pour l'évaluation future des tendances de la charge de morbidité TB.